Critique :

Je voudrais commencer par prévenir d’une chose : si vous n’avez pas lu les tomes précédents de Terremer, l’article va comporter des spoilers (donc passez votre chemin)

Ce roman est le quatrième tome du cycle de Terremer. L’action (le message d’Ogion) commence plus ou moins au moment du dénouement de la quête de Ged (cf tome 3) puisque peu de temps après son arrivée auprès d’Ogion, Tenar voit arriver Ged, extenué par son dernier grand combat.

Ogion est un personnage secondaire mais qui est déterminant dans la vie de Tenar et de Ged. C’est auprès de lui que Ged commence son apprentissage mais frustré de ne pas apprendre plus vite, ce dernier exige d’être envoyé à Roke, l’école des mages (tome 1). Quand Tenar s’enfuit des tombeaux à l’aide de Ged, c’est à Ogion que le mage la confie afin de lui apprendre à vivre parmi le peuple. Ce roman s’ouvre presque sur la mort de ce guide.

Dans ce roman, les deux personnages principaux vont apprendre à accepter de vivre d’une autre manière, d’une manière qui défie leur société. Ged a perdu son pouvoir et n’est donc plus utile en tant qu’archimage. Il va devoir apprendre à faire avec et surtout apprendre à être un homme, c’est-à-dire à profiter de plaisirs qui lui étaient refusés en tant que mage. Tenar est veuve, elle n’a plus vraiment de place non plus dans la société. Elle a été mère mais ses enfants ont grandi. Elle est devenue vieille et donc sans réelle utilité.

Au travers de Tenar, de Therru mais aussi de certains personnages féminins secondaires (comme la sorcière Mousse), l’auteur pose la question de la place des femmes dans ce monde qu’elle a créé. Il est frappant de voir le peu d’attention que les hommes donnent à la parole des femmes. Le pouvoir magique ne peut être exercé que par un homme. Cette dimension n’apparaissait pas, ou en tout cas pas aussi clairement, dans les autres tomes. Tehanu fut publié en 1990, soit 18 ans après le tome 3, L’Ultime Rivage. On sent une forte évolution dans les thématiques abordées par l’auteur.

De tous les tomes du cycle de Terremer, je crois que c’est celui que je préfère. Les personnages me semblent moins froids. L’ambiance est plus dure, il n’y a qu’à voir le sort de la petite Therru, les idées plus développées, les relations entre les personnages plus approfondies aussi. Il n’y a plus ce côté un peu froid au niveau des personnages. Bref, l’auteur finit en apothéose un très bon cycle et dont je ne peux que conseiller la lecture.