Rien ne peut remplacer le plaisir d'un livre papier ... ou pas.
Par Euphemia le mardi 2 septembre 2014, 15:57 - Chroniques diverses - Lien permanent
J'ai craqué il y a maintenant un peu moins d'un an pour une liseuse. Avant je lisais déjà en numérique mais sur une tablette. La lecture y était un peu moins confortable. Pour mes études, j'ai encore recours à des livres papier. L'un n'empêche pas l'autre. J'ai voulu "convertir" mon compagnon à la lecture numérique. Notamment parce que je voulais lui faire découvrir les livres que j'avais achetés, lus et aimés. Mais décidément le contact du papier lui manque trop.
Il y a une semaine j'ai acheté un livre (grand format, bonne édition) en occasion. Je parle d'une version papier qui a trainé sur les étagères d'un bouquiniste. Attention le livre est en très bon état, je ne nie pas ca. Seulement voilà, je ne sais pas pourquoi, l'endroit de stockage devait être humide mais mon exemplaire pue. Une odeur bien entêtante, un peu écoeurante...
A qui la faute ? La faute du bouquiniste ? Non, pas forcément. Certains livres papier vieillissent mal, réagissent mal. La faute de l'éditeur ? Peut-être un peu mais je maintiens que ça reste une bonne édition, grand format et jaquette en plastique jolie comme tout. Il ne s'agit pas tant que cela de trouver à qui la faute au fond mais bien de comparer numérique / papier.
Certes le numérique se sent rien.Il n'a pas de texture à toucher mais est-ce toujours un mal ? Combien de vieux livres ai-je tenus entre les mains ? Je ne vais pas dire que leur odeur de vieux papiers mouillés faisait partie du charme. Je parle de ces vieux livres que chaque lecture abime ... Dans ma famille, cette série de livres là c'était les Pardaillan de Zevaco et ca ne me gène pas de laisser les bouquins de mon grand père, avec leur jaquette rouge bricolée par lui et les pages qui progressivement se font la malle, ca ne me gène pas de les laisser sur l'étagère dans un coin, conservés comme le souvenir précieux qu'ils sont, tout en lisant ces romans désormais dans le domaine public sur ma liseuse.
L'accès aux vieux romans des siècles précédents. La diffusion du numérique permet à mes yeux d'offrir la possibilité de relire des livres qui ne sont plus édités, trouvables uniquement dans de vieilles éditions ou presque. Je pense par exemple à tous les romans feuilletons (domaine public encore) qui ne ressortent pas forcément dans les collections poche, qui ne se trouvent qu'en vieux tomes jaunis et cornés de partout.
La mode livresque. Parce que ce qu'il ressort à mon avis de cette idée, c'est aussi le fait que les livres subissent la mode. Avec Harry Potter, est arrivée l'époque fantasie pour enfants. Puis les vampires sont revenus plus glamour que jamais avec Twilight. En ce moment c'est la littérature érotique qui revient sur le devant de la mode avec Cinquante Nuances de Grey. Et au final, si on ne suit pas cette mode, bah trouver de quoi lire (à un prix raisonnables ce qui n'est plus forcement le cas pour des livres papiers en grand format / première édition etc) devient tout de suite plus ardu. Avant on avait les occases, pleins de points positifs mais l'odeur qui vient me titiller les narines pendant que j'écris ces lignes me rappelle que l'occasion, il y a aussi des points négatifs.
Relire. Et selon les éditions, le numérique permet simplement une relecture. Et là, autant le papier qui vieillit mal, j'arrive à accepter même si ça m'ennuie, autant le livre qui se détache au bout d'une lecture (et des comme ça j'en ai eu quelques uns entre les mains) bah ça passe pas. Après les mouchoirs jetables et les dvd jetables (ceux qu'on ne peut regarder qu'une fois), les livres jetables.
Bref, tout ça pour dire que l'argument du 'plaisir de toucher' du livre papier, c'est un argument à double tranchant et que pour l'avancer, en tant qu'éditeur, faut vraiment être confiant dans la qualité de l'objet qu'on vend parce que sinon ...
Mais ca m'amène aussi à me demander quelle place tient le livre en tant qu'objet dans la décision d'achat. J'ai certes lu beaucoup de personnes dire : je l'ai acheté car c'est un beau livre, un bel objet, la reliure/couverture/etc est magnifique mais est ce que ça marche dans l'autre sens ? Ne pas l'acheter car écriture trop petit / livre trop épais / il pue / mauvaise édition etc etc ... Bref parler du beau livre, ce n'est pas parler de tous les livres mais d'un idéal, d'un fantasme qu'on se crée du livre papier...
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